Un peu de botanique
Le safran est une épice d’origine végétale. On l’extrait d’une plante
domestique, Crocus sativus L. (le L. indique que c’est Linné qui
décrivit le premier cette espèce, dont on ne connaît pas de variété
sauvage), qui fleurit au début de l’automne et appartient à la famille
des iridacées (comme l’iris, le freesia…), famille elle-même incluse
dans le groupe des monocotylédones (comme les orchidées, le maïs et nos
céréales, le muguet…). La fleur de cette plante présente trois stigmates
qui sont les parties distales des pièces reproductrices femelles (le
pistil). Ce sont ces parties de la plante qui, séchées, fournissent le
safran. Il apparaît d’ores et déjà que recueillir du safran nécessite
beaucoup de fleurs et beaucoup de main-d’œuvre, ce qui explique son
prix élevé !
Une pincée d’histoire
Le safran semble être originaire de l’Asie Mineure (Iran ou est de la
Turquie). Le crocus naît de la mort de Krokos (ami d’Hermès) dans la
mythologie grecque. Il est utilisé par les Égyptiens (un peu à la
manière dont nous utilisons l’encens de nos jours) pour parfumer et
purifier les temples. Il est signalé en Chine dès le 5e millénaire avant
notre ère, utilisé comme aphrodisiaque. On le retrouve encore sur des
peintures du Palais de Cnossos en Crête (son commerce est
vraisemblablement assuré par les marchands phéniciens), ainsi que dans
la Rome antique (utilisé pour parfumer l’air et combattre les odeurs
désagréables…). C’est par la Provence qu’il fait son entrée de manière
importante en France, à l’aube du 11e siècle. Il s’agit donc d’une épice
très répandue dans diverses civilisations, depuis l’Antiquité, et pour
divers usages.
Une cuiller d’économie
Il faut 100 000 à 150 000 fleurs pour obtenir un kilo de safran ! Cela
explique son prix (de plusieurs milliers d’euros par kilo), ce dernier
expliquant les tentatives de fraude, nombreuses, qui peuvent exister (le
kilo de safran à 1000 euros, c’est de la contrefaçon !) et qui sont
sévèrement réprimées ; dans
des temps bien reculés, on mettait le feu au faux safran, en ayant pris
soin de mettre préalablement le falsificateur sur le bûcher ainsi formé !
La production actuelle est assurée en grande partie par le Cachemire
et l’Iran (80 tonnes par an). L’Espagne, la Grèce et le Maroc sont
également des producteurs importants.
Des utilisations multiples
Les substances contenues dans le safran permettent des utilisations variées:
- Comme colorant: Le safran contient des caroténoïdes, qui sont des
pigments (safranine, par exemple) et permettent de teindre les étoffes.
- Comme produit pharmacologique: On y trouve du safranal, un
anti-convulsivant; de la vitamine B2; des molécules aux vertus
anti-dépressives…
- Comme épice culinaire : Le parfum dégagé par cette épice lui permet
d’être intégrée dans divers plats (des entrées aux desserts, en passant
par le riz safrané, qui accompagne si bien les poissons).